Omniprésents pesticides aux impacts méconnus (novethic’info, mis en ligne le 13/05/2008 par Christophe Brunella).
Une étude de l'Ineris portant sur la qualité de l'air intérieur confirme la présence de pesticides dans la plupart des foyers franciliens. Un autre travail de la DGCCRF sur la présence de résidus de pesticides dans l'alimentation relève que 6% des fruits et légumes testés contiennent plus que la Limite Maximale de Résidus (LMR) autorisée. On manque toujours de données écotoxicologiques et épidémiologiques sur le sujet.
La Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes (DGCCRF) vérifie chaque année le respect de la réglementation sur les résidus de pesticides dans les produits d'origine végétale via des plans de surveillance et de contrôle. Le programme 2006, dont les résultats ont été publiés fin avril 2008, a conduit à l'analyse de 4 749 échantillons de fruits et légumes frais ou transformés, de céréales et de produits végétaux bio mis sur le marché français dont 3468 dans le cadre du plan de surveillance. Les analyses effectuées permettent de rechercher et de doser 279 matières actives. Les molécules les plus souvent retrouvées sont des insecticides et des fongicides. Sur les 3468 échantillons concernés, plus de la moitié (55,6 %) des échantillons ne contiennent pas de résidus, mais 38,4 % ont des teneurs inférieures à la Limite Maximale de Résidus (LMR). Si 94 % des fruits et légumes analysés respectent donc la réglementation, les LMR ont été dépassées dans 6 % des cas. Pour les salades d’hiver ce taux est de près de 20%. Pour François Veillerette, Président du MDRGF (Mouvement pour le droit et le respect des générations futures), "La présence très fréquente de pesticides, ainsi que les nombreux dépassements de LMR, montrent l’urgence de mettre en application la réduction de l’usage des pesticides prévue lors du Grenelle de l’environnement. Nous demandons aux parlementaires de soutenir ces mesures de réduction qui seront présentées dans le cadre de la loi Grenelle et du projet Ecophyto2018 de Michel Barnier."
Des pesticides dans les maisons
L'Institut national de l'environnement industriel et des risques, l'Ineris, présentait de son côté le 7 mai 2008 les résultats de l'étude Exopope portant sur l'exposition des enfants aux pesticides dans l'environnement intérieur. 31 composés –des insecticides, des herbicides et des fongicides- ont été étudiés dans 130 foyers en Ile-de-France à partir de prélèvements d'air, de poussières déposées sur les sols au domicile, des résidus sur les mains des enfants et des recueils d'urine. Conclusion : 94% des foyers étudiés recèlent des pesticides. Fait saillant, des traces de lindane, insecticide interdit pour usage agricole depuis 1998 en France et tout autre usage depuis le début des années 2000, était présent dans 88% des foyers. Une donnée qui pourrait s'expliquer par le fait que cet insecticide a été largement utilisé dans le traitement des bois d'œuvre. Si les concentrations observées sont très faibles, de l'ordre de la centaine de nanogrammes par m3, la persistance de ce pesticide -reconnu cancérigène et perturbateur endocrinien- bien après son usage appelle de nouvelles évaluations épidémiologiques.
Comme le fait remarquer l'Ineris : "Si le lien entre l'exposition aux pesticides présents dans l’environnement intérieur et l'impact sur la santé n'est pas encore précisément établi, la toxicité de ces produits est avérée." C'est pourquoi l'institut demande une évaluation scientifique plus approfondie des différents pesticides retrouvés à l’intérieur des habitations et appelle de ses vœux le développement de l'expologie en France. Cette discipline, apparue aux Etats-Unis il y a 20 ans, évalue l'exposition humaine aux polluants environnementaux. Depuis les premiers travaux menés en France notamment sur les populations agricoles à la fin des années 90, on sait que c'est le mélange de la quantité à laquelle on est exposé et de la durée d'exposition qui importe. Certains pesticides ne présentant pas de forte toxicité ont toutefois une rémanence très importante.
Bataille autour de la réduction des pesticides
En attendant d’ne savoir plus, le principe de précaution s'avère plus que nécessaire. L’annonce, lors du Grenelle de l'environnement, du retrait du marché de 30 substances actives pesticides et de la volonté de réduire de 50% les usages de pesticides est un premier pas attendu même si, sur les 30 substances, 20 étaient amenées à disparaître à la suite de la modification d'une directive européenne. Mais la mise en œuvre de cette décision fait l'objet de conflits entre ONG et industriels de la protection des plantes -tels qu'ils se sont auto désignés.
Dans un communiqué du 21 avril, le réseau d'associations environnementales France nature environnement (FNE) considère que "les industriels des pesticides et une partie de la profession agricole exercent de fortes pressions sur le gouvernement et l’administration pour qu’ils renoncent à l’objectif fixé à l’issue du Grenelle (…) de réduire de 50% l’usage des pesticides en France d’ici 10 ans." De son côté, Jean-Charles Boquet, directeur de l'UIPP (Union des industries de la protection des plantes), dément faire pression et rappelle que, dans les conclusions du Grenelle, la réduction annoncée dépend d’une part de l'accélération de la diffusion des méthodes alternatives, à condition qu’elles soient déjà au point.
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Vous reprendrez bien un peu de pesticides ?Par Lino Ferreira (Verts 93)Commentaires |
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Bisous Lino et à bientôt dans un prochain copil AG21 du 93...