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 Siné sème définitivement sa zone...

... Et Charlie se fait Hara-Kiri

  • verdur
  • Mercredi 30/07/2008
  • 10:32
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Comme d'hab. les propos suivants n'engagent que son auteur, Samy Khaldi en l'occurence.



Comment échapper en ce milieu d'été à cette fièvre médiatique déclenchée il y a quelques jours par le licenciement pour le moins brutal de Siné, figure tutélaire du dessin satirique et libertaire en France, grand pourfendeur du nationalisme, du colonialisme et du racisme devant l'Eternel ?

Comment éviter un sentiment confus de nausée et de colère tout à la fois, devant un acte d'une rare violence - le débarquement d'un collaborateur de près de quarante ans- par un patron ambitieux (ce qui n'est pas une insulte) et autoritaire (là oui, surtout dans un canard qui se présente comme défenseur de la liberté, en général, de penser -voire à l'occasion de choquer, en particulier) ?

Certes Siné, 79 ans au compteur, qui n'est donc pas un perdreau de l'année, connait bien son métier, et il est connu pour ses foucades parfois plus que limites, poussé aux excès les plus répréhensibles (huer des orateurs juifs par exemple, c'était il y a plus de 20 ans, et il s'en était excusé) par le goût de l'alcool et le dégoût provoqué par l'occupation israëlienne. Mais quel a donc été le corps du délit ? D'avoir fait de l'humour -disons, douteux, d'accord- en faisant allusion au projet matrimonial de Sarkozy fils avec une riche héritière juive ?  Lui-même n'est-il pas, "père d'une fille juive née d'une mère juive", comme il dit ?
Dans la même chronique, après avoir également fait écho à la rumeur selon laquelle Jean Sarkozy allait se convertir au judaïsme, avec le commentaire "il ira loin dans la vie", il fait également mention de Clearstream, dont l'avocat, Me Malka, est également celui de ... Philippe Val ! Le boss !
Cela faisait trop donc.


Ledit patron, que l'ambition amène à brûler les idoles qui l'ont porté là où il est, au profit d'une bien-pansence de type social-démocrate, à tendance islamophobe et anti-palestinienne (ce qui l'opposait foncièrement à Siné), aurait pris sa décision après avis "unanime" de sa rédaction. Voilà bien une preuve de sa fébrilité: au moins trois membres éminents, historiques, ont tenu à exprimer leur désaccord, faisant aussitôt voler en éclats le mythe de l'unanimité, tant prisé par les dictatures. Il a excipé de menaces de poursuites de la part des intéréssés, les fiancés. Lesquels font répondre qu'ils étaient certes écoeurés, mais n'avaient pas eu cette intention.

L'explication ne viendrait-elle donc pas plutôt du fait que ce personnage qui irritait son patron depuis plus de 15 ans, qui aime tant se poser en autorité morale, aurait commis la gaffe de trop, en s'en prenant comme il l'a fait à l'héritier du chef de l'Etat ? Que ce faisant il gêne les plans de
(carrière ?) ce personnage, qui aime paraît-il à fréquenter les importants de la scène politico-médiatique, comme tout bon arriviste qui se respecte ? Et que la zone de Siné, ça le gonfle, comme on doit supporter la présence de parents pauvres emcombrants et mal élevés dans une soirée chez l'Ambassadeur, où la place coûte si cher ?

Dans une pétition qui circule en ce moment pour le soutenir, on trouve en effet de drôles d'antisémites: Michel Polac, Gisèle Halimi, pour ne citer qu'eux, fondateurs de ce journal. Précisons que cette dernière de surcroît s'y connaît non seulement en délit de presse mais aussi en féminisme, raison pour laquelle l'humour de Siné n'est pas précisément sa tasse de thé, comme elle le dit elle-même !

Mais quel sera son impact, face à la curée médiatique (C. Askolovitch, qui a déclenché les hostilités sur RTL, véritable auteur de la sentence exécutée par l'éditorialiste de Charlie; L. Joffrin, de Libé, qui pour le dénoncer, ne trouve rien d'autre que de faire référence à la "race" des juifs - autre éminente victime collatérale du ridicule de cette affaire) ? La Licra et Sos racisme sont aussi de la partie (les occasions de se faire un peu de pub gratuite ne se refusent pas, faut ce qu'il faut).

Non mais soyons sérieux, n'était-ce pas plutôt à son patron de démissionner ? Que n'a-t-il empêché sa publication, avant que ça parte sous presse ? A quoi sert un patron de journal alors ? Et franchement, n'aurait-il pas pu trouver d'autre issue, permettant à tout le monde de sortir la tête haute, et au papy qui commence peut-être sérieusement à tourner du chapeau (il aurait cependant été prêt à présenter des excuses) de partir discrètement vers une retraite paisible et tant méritée ?

Voilà bien une preuve supplémentaire du changement amorcé il y a longtemps par ce journal (depuis l'avènement de son actuel "chef" ?) dont la fonction si unique  dans le paysage médiatique français (disons Le Canard Enchaîné mais en plus trash, anar, potache) a été patiemment galvaudée (aseptisée ? normalisée ? institutionnalisée ? embourgeoisée ?), sous couvert d'une gloire passée, et désormais définitivement révolue. C'est arrivé à tant d'autres... Il en va ainsi de la plupart des captages d'héritages symboliques. C'est devenu une pompe à fric comme les autres, qui court après la vente de papier, qui a rapporté 330 000 € à son "patron" au cours du dernier exercice, grâce  aux caricatures de Mahomet.

Il semble que cette fois-ci, le contre-symbole est trop gros, trop éclatant. La mèche est vendue.

Dans cette affaire de meurtre symbolique, la victime n'est pas celle qu'on croit. Je suis même sûr que cette affaire va relancer les ventes d'albums de Siné, voire même lui permettre de lancer un bouquin.




Pour une synthèse de cette triste affaire voir la chronologie sur le site de Telerama, et la récapitulation de Rue89.
 

Commentaires

Re: Délit de mauvais goût

Il y a méprise. L'objet du délit n'est pas l'illustration choisie pour l'article... pour montrer que Charlie avait pu se permettre n'importe quoi justement.
C'est la dernière chronique "Siné sème sa zone" parue, début juillet.

 

 

Re: Délit de mauvais goût

il est vrai qu'il y a un passage dans cet article qui mentionne des propos de SINE, sur  le projet matrimonial du fils Sarkozy,mais de manière trés eliptique.

Je comprends que vous n'ayiez  pas voulu les reprendre in extenso cependant, ma méprise a pu venir du fait que  je ne l'ai pas lu, n'étant pas un lecteur assidu de Charlie Hebdo.

Je tiens également à signaler en outre une erreur, que je tiens à corriger, le dit dessin a fait la première page du magazine, je croyais que l'on y  avait échappé, et bien non!

autant pour moi, ça m'apprendra à écrire sur un coup de tête :)

 cependant, j'aurais lu la chronique en question, cela n'aurait rien changé dans mon intervention d'hier, 

J'aurais certainement pris le parti de ne commenter que le dessin, c'est surtout lui qui m'a intéressé (et pas pour des raisons esthétiques) ;)

Un papier antisémite ou critique à l'égard des juifs de plus ne me semble pas intéressant à commenter, alors que ce dessin m'apparaissait plus porteur de débat,

Je pense que c'est également ce que beaucoup retiendront sur le temps, une image pouvant être plus évocatrice que mille discours...


En tous les cas, je vous remercie de votre réponse rapide 

 

 

Re: Délit de mauvais goût

C'est moi qui vous remercie pour l'intérêt que avez bien voulu témoigner à cet exercice... Qui est subjectif et incomplet, c'est un coup de gueule. La question "subliminale" (j'y reviendrais à ce concept) qui reste en suspens, c'est aussi de savoir si on peut militer pour l'arrêt de la politique de colonisation de la Palestine par Israël sans se faire des ennemis mortels et se faire passer pour antisémite en France ? (Au passage, le peuple Palestinien est sémitique ou pas ? Quelle guignolade !). A-t-on oui ou non le droit de le faire, aujourd'hui, en France ? Tout comme soutenir une option démocratique dans un pays musulman qui risque de conduire un parti islamiste au pouvoir, il y a une dizaine d'années. Dénoncer un régime militaire violent et corrompu dans un pays proche est-il possible, sans être accusé d'être pro-islamiste ? Dire que l'option démocratique est la moins mauvaise -même si elle avait conduit des ordures au pouvoir (et peut encore le faire, encore qu'on peut discuter célèbre cas précis, et sur les responsabilités du basculement de Munich en 1936...) ?  Si je ne veux pas être accusé d'antisémitisme (par qui au fait ?) il faut donc que je ferme les yeux sur un mouvement de négation des droits humains les plus fondamentaux d'une rare ampleur (après la traite des noirs, la colonisation et ses exterminations, la shoah, on peut aussi évoquer les sales guerres post-coloniales livrées à des civils sans défense, au sein desquelles il faut ranger le conflit Tchétchène). Bref ça en devient délirant. La violence symbolique exercée est très forte. C'est comme aux States, avec la bouffée délirante qui a pris son gouvernement il y a trois ans. Mettre en doute les assertions martiales sur le régime irakien, c'est être contre celui qui les assène. Les donneurs de leçon en matière de démocratie mettent le débat démocratique en coupe réglée sur le mode: si tu n'es pas avec moi (en cherchant à discuter mes arguments), tu es donc contre moi (qui préconise la guerre). C'est Carl Shmitt au pouvoir: le politique comme discrimination ultime entre ami et ennemi. Et la guerre comme moment de vérité, de cristallisation du politique par excellence. Ne pas déférer à une sentence de C. Askolovitch, dans ces circonstances, c'est prendre un risque apparemment. Quitte à innover en l'occurrence. Il a fallu en effet inventer un délit nouveau, un délit "subliminal". C'est un délit qui n'a pas d'autre réalité que dans... l'imaginaire de celui qui le... proclame ? C'est comme dans les Etats de droit les plus raffinés: c'est l'intention qui compte. Même si rien ne l'atteste matériellement. Oui c'est bien ça qui a été explicitement reproché à notre pauvre Siné: "antisémitisme subliminal" ! Bigre !
Et dire que les demandeurs au procès des caricatures de Mahomet contre Charlie avaient été déboutés parce qu'il s'agissait justement de caricatures... Et c'est très bien ainsi. Au passage, assimiler le terrorisme intégriste islamiste à la figure même du prophète, il faut le faire ! Mais qui se fout de la suscpetibilité de l'écrasante majorité de musulmans qui ne craignent rien tant que d'être assimilés (ainsi ?) à une poignée d'allumés, ivres de rage ? Mais l'essentiel n'est pas là. Charlie a explosé ses chiffres de vente. Et son principal actionnaire, un certain Val, s'est alors mis plus de 330 000 € de bénéf. dans les fouilles à cette occasion là...


Sinon pour vous répondre en effet l'intérêt de l'illustration choisie était non seulement de montrer ce que Charlie était capable de publier -sans que personne ne soit viré ou poursuivi, c'était aussi de reprendre la question qu'elle pose : le racisme fait-il vendre du papier  (l'antisémitisme en l'occurrence) ?
J'ai bien une idée sur la question, personnellement. Elle m'est inspirée par la carrière du célèbre polémiste antisémite Français Drumont (voir l'excellent et récent ouvrage qui lui est consacré par Grégoire Kauffmann, Ed. Perrin).


Pour info, la pétition soutenant Siné compte 8800 signatures à ce jour.

 

 

Dernières nouvelles de cette affaire foireuse:

Une pétition lancée par une vingtaine de personnalistés (dont BHL, Delanoë et Voynet) pour soutenir Val est en circulation.

Siné vient de déposer plainte contre X pour menaces de mort.

 

 

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