Comme d'hab. les propos suivants n'engagent que son auteur, Samy Khaldi en l'occurence.
Comment éviter un sentiment confus de nausée et de colère tout à la fois, devant un acte d'une rare violence - le débarquement d'un collaborateur de près de quarante ans- par un patron ambitieux (ce qui n'est pas une insulte) et autoritaire (là oui, surtout dans un canard qui se présente comme défenseur de la liberté, en général, de penser -voire à l'occasion de choquer, en particulier) ?
Certes Siné, 79 ans au compteur, qui n'est donc pas un perdreau de l'année, connait bien son métier, et il est connu pour ses foucades parfois plus que limites, poussé aux excès les plus répréhensibles (huer des orateurs juifs par exemple, c'était il y a plus de 20 ans, et il s'en était excusé) par le goût de l'alcool et le dégoût provoqué par l'occupation israëlienne. Mais quel a donc été le corps du délit ? D'avoir fait de l'humour -disons, douteux, d'accord- en faisant allusion au projet matrimonial de Sarkozy fils avec une riche héritière juive ? Lui-même n'est-il pas, "père d'une fille juive née d'une mère juive", comme il dit ?
Dans la même chronique, après avoir également fait écho à la rumeur selon laquelle Jean Sarkozy allait se convertir au judaïsme, avec le commentaire "il ira loin dans la vie", il fait également mention de Clearstream, dont l'avocat, Me Malka, est également celui de ... Philippe Val ! Le boss !
Cela faisait trop donc.
Ledit patron, que l'ambition amène à brûler les idoles qui l'ont porté là où il est, au profit d'une bien-pansence de type social-démocrate, à tendance islamophobe et anti-palestinienne (ce qui l'opposait foncièrement à Siné), aurait pris sa décision après avis "unanime" de sa rédaction. Voilà bien une preuve de sa fébrilité: au moins trois membres éminents, historiques, ont tenu à exprimer leur désaccord, faisant aussitôt voler en éclats le mythe de l'unanimité, tant prisé par les dictatures. Il a excipé de menaces de poursuites de la part des intéréssés, les fiancés. Lesquels font répondre qu'ils étaient certes écoeurés, mais n'avaient pas eu cette intention.
L'explication ne viendrait-elle donc pas plutôt du fait que ce personnage qui irritait son patron depuis plus de 15 ans, qui aime tant se poser en autorité morale, aurait commis la gaffe de trop, en s'en prenant comme il l'a fait à l'héritier du chef de l'Etat ? Que ce faisant il gêne les plans de (carrière ?) ce personnage, qui aime paraît-il à fréquenter les importants de la scène politico-médiatique, comme tout bon arriviste qui se respecte ? Et que la zone de Siné, ça le gonfle, comme on doit supporter la présence de parents pauvres emcombrants et mal élevés dans une soirée chez l'Ambassadeur, où la place coûte si cher ?
Dans une pétition qui circule en ce moment pour le soutenir, on trouve en effet de drôles d'antisémites: Michel Polac, Gisèle Halimi, pour ne citer qu'eux, fondateurs de ce journal. Précisons que cette dernière de surcroît s'y connaît non seulement en délit de presse mais aussi en féminisme, raison pour laquelle l'humour de Siné n'est pas précisément sa tasse de thé, comme elle le dit elle-même !
Mais quel sera son impact, face à la curée médiatique (C. Askolovitch, qui a déclenché les hostilités sur RTL, véritable auteur de la sentence exécutée par l'éditorialiste de Charlie; L. Joffrin, de Libé, qui pour le dénoncer, ne trouve rien d'autre que de faire référence à la "race" des juifs - autre éminente victime collatérale du ridicule de cette affaire) ? La Licra et Sos racisme sont aussi de la partie (les occasions de se faire un peu de pub gratuite ne se refusent pas, faut ce qu'il faut).
Non mais soyons sérieux, n'était-ce pas plutôt à son patron de démissionner ? Que n'a-t-il empêché sa publication, avant que ça parte sous presse ? A quoi sert un patron de journal alors ? Et franchement, n'aurait-il pas pu trouver d'autre issue, permettant à tout le monde de sortir la tête haute, et au papy qui commence peut-être sérieusement à tourner du chapeau (il aurait cependant été prêt à présenter des excuses) de partir discrètement vers une retraite paisible et tant méritée ?
Voilà bien une preuve supplémentaire du changement amorcé il y a longtemps par ce journal (depuis l'avènement de son actuel "chef" ?) dont la fonction si unique dans le paysage médiatique français (disons Le Canard Enchaîné mais en plus trash, anar, potache) a été patiemment galvaudée (aseptisée ? normalisée ? institutionnalisée ? embourgeoisée ?), sous couvert d'une gloire passée, et désormais définitivement révolue. C'est arrivé à tant d'autres... Il en va ainsi de la plupart des captages d'héritages symboliques. C'est devenu une pompe à fric comme les autres, qui court après la vente de papier, qui a rapporté 330 000 € à son "patron" au cours du dernier exercice, grâce aux caricatures de Mahomet.
Il semble que cette fois-ci, le contre-symbole est trop gros, trop éclatant. La mèche est vendue.
Dans cette affaire de meurtre symbolique, la victime n'est pas celle qu'on croit. Je suis même sûr que cette affaire va relancer les ventes d'albums de Siné, voire même lui permettre de lancer un bouquin.
Pour une synthèse de cette triste affaire voir la chronologie sur le site de Telerama, et la récapitulation de Rue89.
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Il y a méprise. L'objet du délit n'est pas l'illustration choisie pour l'article... pour montrer que Charlie avait pu se permettre n'importe quoi justement.
C'est la dernière chronique "Siné sème sa zone" parue, début juillet.