Le ministre de l’environnement autrichien Nikolaus Berlakovitch parle d’un succès sans précédent, qu’il compare au titre de champion européen de football pour l’Autriche. Retour sur les faits : au sein du conseil ministériel européen sur l’environnement du 2 mars 2009, une majorité qualifiée a de façon surprenante voté contre la proposition de la Commission européenne de supprimer les restrictions nationales en vigueur en Autriche et en Hongrie, pour deux espèces de maïs transgéniques.
Effets sur la santé
En 2005 et 2006, la Commission avait déjà essuyé deux « non » lors des conseils ministériels pour l’environnement précédents, face à une Autriche qui refuse de supprimer ses interdictions d’importer les espèces de maïs Mon810 (fabriqué par Monsanto) et T25 (de BayerCropsience). Mon 810 est autorisée au sein de l’UE, cependant cette espèce n’est cultivée à grande échelle qu’en Espagne. En Autriche, un accord sur le commerce des produits alimentaires empêche carrément sa vente. Comme une loi de prévention (sur les techniques de culture transgénique) dans les « Bundesländer », les régions autrichiennes, prévoit une séparation géographique entre le maïs génétiquement modifié et la culture traditionnelle, les OGM ont peu de chances de s’implanter dans un pays où les surfaces de culture sont très petites.
En cas d’un vote en faveur de la Commission, le gouvernement autrichien se serait retrouvé dans une situation de violation de contrat, ce qui lui aurait probablement coûté plus cher que de permettre la culture du maïs Mon810. « Une Autriche sans culture transgénique », sert de credo de l’autre côté des Alpes. En 1997, un référendum populaire contre l’importation des cultures transgéniques a été approuvé par 1,2 million de personnes. Mais n’oublions pas en arrière-plan, les agriculteurs autrichiens qui, eux, utilisent du soja transgénique pour nourrir leur bétail.
Effet eurosceptique
La presse autrichienne s’en donne à cœur joie pour se payer la tête d’une Commission qui perd du terrain. Même le ministre Berlakovitch du parti travailliste, traditionnellement pro européen, critique durement le mutisme l’autorité de l’UE après l’échec du vote. Il est d’ailleurs soulagé que la presse à scandale et les populistes de droite ne puissent plus désormais utiliser le thème des OGM pour mener une campagne anti-européenne. L’Allemagne a justifié son soutien à l’Autriche notamment car elle dit ne pas vouloir favoriser l’euroscepticisme latent des pays voisins. Ainsi, l’échec de la Commission pourrait représenter un petit pas en avant vers une Autriche pro-européenne !
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