Les Verts ont été auditionné ce matin par la mission Roussely, chargée de l'avenir de la filière nucléaire. Ils y étaient représentés par DenisBaupin, maire-adjoint de Paris et membre de l'exécutif des Verts, Hélène Gassin, Vice-Présidente Europe Ecologie du conseil régional d'Ile-de-France et Bernard Laponche, expert indépendant.
La délégation a fait valoir que la politique énergétique française est depuis trop longtemps l'otage de la stratégie industrielle nationale - qui plus est de la seule stratégie de quelques entreprises - alors que c'est l'inverse qui devrait prévaloir : au regard des enjeux énergétiques, il est plus que jamais nécessaire de privilégier une politique de sobriété énergétique et de développement des énergies renouvelables.
La délégation a rappelé les raisons de l'opposition des Verts et d'Europe Ecologie à la filière nucléaire : risques d'accidents majeurs, pollutions dans chaque phase (de la mine aux déchets, et dans les transports), déchets dangereux sur le très long terme, risque de prolifération du nucléaire militaire. Aucun de ces problèmes majeurs de la filière nucléaire, identifiés depuis plusieurs décennies, n'ont été résolus.
La délégation a par ailleurs mis en évidence la politique de gribouille de la filière nucléaire française : nouveau réacteur EPR prévu à Penly, alors même que le chantier de l'EPR Flamanville soulève de nombreux problèmes (retards, surcoûts, sécurité) toujours non-réglés et que ce dernier devait être un prototype ; guerre intestine entre les grandes entreprises, privées et publiques, de ce secteur ; perspectives de développement de toutes façons limitées par la faible quantité de ressources en uranium (au plus 50 ans au rythme actuel) ; inadaptation du "produit EPR" au marché national ; consanguinité entre la sûreté et la filière ; etc.
En conséquence la délégation a proposé de réorienter les compétences et les ressources du secteur nucléaire vers la création d'une véritable filière du démantelement nucléaire (installations et réacteurs), secteur nettement plus porteur à moyen terme que la construction de nouvelles centrales, et permettant de préserver les emplois du secteur. Au niveau mondial, plus de 400 réacteurs devront être démantelés dans les décennies à venir. Puisque la France veut valoriser son savoir-faire à l'exportation, elle dispose, avec son parc sans équivalent, d'une vitrine idéale pour mettre au point une compétence qui reste encore largement à construire au vu des expériences de Superphénix et de Brennilis. Avec une telle orientation, la mission Roussely aurait l'opportunité de permettre à la filière nucléaire de sortir de son aveuglement et de devenir réellement une filière industrielle d'avenir.