Samedi, dans la journée, à Michelet, c’était la fête, on entendait la musique, les rires… et puis vint la nuit. Soudain, de mon lit, j’entends que l’ambiance a changé d’un seul coup, des cris parviennent jusqu’à notre maison, je me précipite à la fenêtre pour essayer de comprendre ce qui se passe et cela sent la fumée !
Je cours dehors, la police est présente, tous les gens sont affolés, sous la pluie. Le temps de comprendre ce qui se passe, je réalise qu’on ne peut pas laisser dehors toutes ces mères et ces enfants mouillés ! Il n’y a qu’une solution, c’est qu’ils viennent tous se mettre à l’abri à la maison. Il est près de minuit, certaines mamans n’ont même pas eu le temps de se chausser…
Les pompiers arrivent.
Avec l’aide de mon mari et de mon fils, nous rassemblons toutes les mères et leurs bébés ainsi que les jeunes enfants et nous décidons d’installer un grand espace pour que chacun puisse dormir. Peu à peu, chacun trouve sa place dans les différentes pièces de la maison mais la plupart des bébés et des enfants sont couchés dans la salle, c’est très touchant de voir tous ces petits enfants s’allonger docilement en essayant de trouver le sommeil à côté de leurs mamans encore trop émues par la frayeur qu’elles ont eue pour dormir.
Les familles n’ont rien eu le temps de prendre dans leur précipitation et certains bébés ont faim et il n’y a pas de biberon, pas de lait… Les pères sont très présents pour leurs femmes et leurs enfants, on les emmène acheter du lait, un monsieur qui travaille à la mairie a la gentillesse d’aller chercher un biberon de sa fille chez lui !
Je vais de la maison à la rue pour voir comment cela évolue pour informer tous les adultes réfugiés chez nous. Plusieurs élus sont présents maintenant et nous pouvons nous occuper de tout le monde, voir avec les pompiers et la police ce qu’il en est.
Les pompiers précisent que les résidents ne pourront pas dormir chez eux cette nuit-là, il faut qu’on trouve une solution. Cela sera le gymnase Aïache qui aura notre préférence et tous les élus se coordonnent pour téléphoner aux différents services pour avoir des matelas, des couvertures… Les cadres de la mairie sont là aussi et à nous tous, nous parvenons à organiser au mieux le confort des résidents.
Vers 4h du matin, tout le monde est installé, il manquera les couvertures pour les hommes… Il nous faut aussi prévoir le petit déjeuner, nous nous donnons rendez-vous pour faire les courses le lendemain matin.
Chez moi, tous les enfants dorment, les mamans restent choquées. Pas moyen de dormir pour nous non plus…
Je réalise que Mr Mignen n’a proposé aucune aide, on le sentait en colère pour cet incendie, il n’avait pas l’air de réaliser que cela aurait pu être beaucoup plus grave. Heureusement que ceux qui faisaient la fête ont détecté tout de suite qu’il y avait de la fumée !
Certains voisins, quant à eux, ont proposé d’héberger les mères qui n’avaient pas d’enfants.
Le lendemain, de nombreux élus, les directeurs de services de la mairie étaient tous là pour accompagner au mieux les résidents pour cette nouvelle journée qui commence.
Dans notre maison, tout le monde a réussi à dormir un petit peu et c’est l’heure du petit déjeuner. Il y a beaucoup d’émotion, les gens sont très touchés d’avoir pu être aidés et accueillis.
L’après-midi, on attend le sous-Préfet pour 16h30. Cela sera l’occasion de discuter des dix dernières personnes qui ne sont pas régularisées. Le sous-Préfet a l’air décidé à faire quelque chose pour faire avancer les dossiers. Il demande la liste des personnes et assure qu’il va suivre les dossiers surtout que dans l’incendie qui a touché trois chambres, les dossiers de régularisation sont partis en fumée !
Il se montre aussi très à l’écoute des demandes des résidents qui trouvent que les choses n’avancent pas assez vite, que la mairie ne les aide pas assez, que Mr Mignen ne les respecte pas…
Un problème se pose pour les occupants des trois chambres qui sont inhabitables, nous discutons avec Mr Mignen et le sous-Préfet afin de trouver une solution. Le couple qui n’a plus de chambre ne veut pas aller à l’hôtel et comme il y a deux chambres libres, ils logeront dans l’une d’elles. Une personne seule occupera l’autre et le dernier résident sera logé dans un hôtel en attendant de trouver une solution de logement.
Vers 18h, tout est fini, chacun a pu réintégrer sa chambre.
Les problèmes restent bien sûr les mêmes et il faut qu’on continue à se battre aux côtés des résidents. Peut-être que cet accident aidera les dernières personnes non régularisées à avoir leurs papiers un peu plus facilement ! Restons attentifs.
Une dernière petite chose, cet accident nous a permis de mieux connaître les habitants de Michelet et même si au départ, c’était dramatique, ce fut un merveilleux moment de rencontre.
En ce qui concerne mon mandat d’élue, c’est comme ça que j’aime le remplir, au service des autres.
Merci en tous les cas aux résidents de Michelet pour leur gentillesse.
J’ai été heureuse de pouvoir agir en parfaite symbiose avec Sylvine, Yannick et Michel pendant la nuit du samedi . Mme Tissier (responsable de pôle) et Mr Boros (directeur des services techniques) étaient présents également ainsi que des membres du personnel de la mairie. Pour la journée de dimanche, le directeur général des services, le chef de cabinet, le responsable des sports, la Croix Rouge nous ont rejoints ainsi que plusieurs élus, Sylvie, Dalila, Laurent, Ali (et Marie), Jamal et Nadir.
Nous avons pu, ainsi, tous ensemble, nous mobiliser au mieux pour faire en sorte que les habitants de Michelet souffrent le moins possible de la situation difficile qu’ils étaient en train de vivre.
Maintenant, il faut continuer la lutte afin que tous les résidents soient régularisés et que chacun puisse être relogé décemment. Nous devons y parvenir avec l’aide de la justice et de la préfecture, il faut que cette situation révoltante prenne fin !
Maribé Durgeat.