Alors que le débat parlementaire sur le Grenelle 2 s’achève demain, le ministère de l’Ecologie a lancé une campagne de publicité que l’on peut déjà voir sur nos écrans sous la signature «Grenelle environnement : entrons dans le monde d’après !». D’une conception très efficace, on y voit des images réelles qui «basculent» pour laisser apparaître un monde transformé par l’écologie : des paysages intégrant enfin les énergies renouvelables ou des transports non polluants comme le tramway...
Non seulement la publicité invite chacun, particulier, entreprise, collectivité, à s’engager dans cette mutation vers un monde désirable mais elle insiste aussi sur tous les progrès qui auraient déjà été réalisés...Le rêve est là palpable, rien ne semble pouvoir l’arrêter.
Pendant ce temps à l’Assemblée nationale, la réalité éclate en contradiction flagrante avec le beau message publicitaire. Au terme de quelques jours d’examen des nombreux amendements le bilan est plus que décevant : L’éolien est encadré : classement en ICPE (alors qu’au même moment le nucléaire en cas d’accroissement des rejets radioactifs est dispensé d’enquête publique) schémas régionaux obligatoires, minimum de cinq mâts. Il s’agit en fait d’ un frein brutal qui est mis au développement de l’éolien (surtout du petit éolien) au profit du nucléaire. Mais il est vrai qu’il faut bien choisir : on ne peut investir dans la relance du nucléaire avec deux EPR et promouvoir vraiment les énergies renouvelables. L’appellation HVE, haute valeur environnementale, pourra bénéficier à des cultures OGM tandis que rien ne vient encourager le développement du bio. La taxe sur les poids lourds est repoussée. L’étiquetage carbone attendra. Il y avait bien sûr déjà eu l’abandon de la contribution climat énergie au lendemain des régionales. Il y avait eu la loi OGM, hors Grenelle, qui permet la contamination générale du territoire.
Lors du dernier salon de l’agriculture le président de la République avait donné le ton : «l’environnement ça commence à bien faire». Les députés UMP ont bien entendu le message. Les députés Verts eux ont donc annoncé qu’ils voteraient contre la loi grenelle 2. Mais le Grenelle avait aussi prévu de lutter aussi contre l’éco-blanchiment. C’est à dire les publicités qui utilisent abusivement l’argument écologique pour vendre des produits qui ne le sont pas. Le gouvernement avait refusé de légiférer sur le sujet pour contraindre les publicitaires. Il s’était contenté de signer une charte de bonne conduite laissant aux professionnels le soin de s’auto-réguler. On comprend pourquoi : avec la campagne publicitaire «Grenelle : entrons dans le monde d’après !» le ministère de l’Ecologie se rend lui même coupable d’éco-blanchiment.
Jean-Louis Roumégas,
Porte-parole
C'est effectivement bien à la limite du greenwashing, cette p'tite publicité...