La galaxie écologique, hétéroclite, disparate, est enfin réunie dans le cadre d’une démarche politiquement adaptée aux institutions de la Ve République. Les leçons sont donc tirées par les uns et les autres de cette implacable organisation institutionnelle qui condamne au silence et à l’impuissance tous les mouvements d’origine populaire incapables de se fédérer dans une démarche unitaire. C’est la première fois que cela se produit en France pour la mouvance écologique. Et cela tandis que l’opposition est plus que jamais divisée, éclatée, donc affaiblie au regard du jeu des mêmes institutions de la Ve République conçue, rappelons-le, par le général de Gaulle pour donner à la France un pouvoir stable dont la légitimité se fabrique au prix de l’étranglement des idées et des organisations nouvelles et insuffisamment hiérarchisées, et assis sur un appareil d’Etat autoritaire d’apparence démocratique dont les affaires étrangères et de sécurité ressortent du domaine réservé, héritier du droit régalien. Au pays de la Révolution française, qui a donné au monde les Droits de l'homme !
La galaxie écologique en faisant ainsi de sa diversité une force est donc devenue attractive. Le mouvement préfiguré par Europe-Ecologie n’est pas uniquement constitué d’écologistes, politiques ou associatifs. C’est la force du symbole que représente la présence d’Eva Joly. Et en cela s’incarne le fait que les problématiques économiques, sociales, sociétales, politiques, institutionnelles, se conjuguent dans la réalité, elles n’obéissent pas aux injonctions de nos catégories intellectuelles ou médiatiques pré-établies. On ne saucissonne pas la question de la santé publique, par exemple, entre le problème du service public hospitalier, l’organisation de la production agro-alimentaire - à la fois cartellisée et subventionnée en France ! -, l'industrie pharmaceutique et son virulent lobbying sur les prescriptions médicales, la sécurité sociale, l’organisation du commerce mondial, l’organisation administrative, la culture (gastronomique) ..etc… Tronçonner ainsi selon les catégories traditionnelles c’est la meilleure manière de noyer le poisson, et faire gagner du temps à ceux - pourtant très, très peu nombreux – à qui un état de fait préjudiciable à l’écrasante majorité d’entre-nous, profite. De ce point de vue le cadre Européen, dans la mesure où il invite par nature à un regard transnational et ouvert sur des modes de raisonnements différents, offre les meilleures opportunités d’élaboration de politiques publiques qui soient à la hauteur des enjeux qui nous défient.